Situation tendue au Sénégal : Dr Papa Fara Diallo hausse le ton
« On ne retire aucune gloire de la cruauté contre son peuple » ! Plus de 1060 détenus politiques, plus de 50 morts liés directement aux manifestations politiques, sans compter les centaines de jeunes Sénégalais qui périssent en mer et dans le désert à la recherche d’espoir perdu dans leur propre pays… Des arrestations sans crimes (sauf ceux inventés pompeusement et honteusement pour criminaliser des délits politiques ou d’opinion) et des instructions sans objets (pour des cas de flagrance, on choisit l’instruction pour punir et neutraliser). C’est triste ce que notre Sénégal est devenu. Depuis l’aube des temps, l’homme a toujours été mu par la volonté d’astreindre et d’avilir son semblable. Mais, entre temps, nous sommes passés par la « civilisation des mœurs », surtout des mœurs politiques. Malheureusement, le régime du président Macky SALL semble mépriser royalement le sens même de la politique. Au lieu d’ouvrir davantage l’espace civique et de garantir sérieusement les libertés publiques, ce régime utilise le pouvoir comme instrument de jouissance et de puissance. Quelle lâcheté que d’utiliser les appareils répressifs d’Etat pour répondre à un « gatsa gatsa » lancé par un opposant (Ousmane Sonko) et son parti (Pastef, dont la dissolution nous ramène 60 ans en arrière) ! Où sont l’APR et la coalition BBY ? Au lieu d’apporter une réponse politique, on met en branle la machine répressive de l’Etat pour traquer toute voix dissidente. Le vocabulaire utilisé (terrorisme, insurrection, atteinte à la sûreté de l’Etat…) pour justifier cette répression aveugle témoigne d’un régime frileux d’être « arrivé à la gare » et particulièrement préoccupé par la nécessaire rédition des comptes après la présidentielle de 2024. Qu’on ne nous parle plus de démocratie et d’Etat de droit. Le Sénégal ne répond plus à ces catégories. Nous ne sommes pas loin de « l’archipel des Goulags ». Les collègues universitaires ont pris leurs responsabilités. Ils ont alerté, par la plume et par le verbe. D’autres catégories d’élites (religieuses, culturelles, sportives, syndicales…) doivent prendre leurs responsabilités ! Les Sénégalaises et les Sénégalais ont déjà goûté à la liberté. Nous n’accepterons pas que nos enfants vivent dans la servitude et la terreur. On en est là.
